La cohabitation interespèces
- Monsieur Perroquets

- 9 oct.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 oct.

Je le répète souvent, les perroquets sont des animaux grégaires. Dans la nature, ils vivent en groupe, où ils développent et entretiennent constamment leurs liens sociaux. Un perroquet détenu seul, n'étant pas épanouit socialement, arrive difficilement à gérer ses émotions et pose davantage de problèmes (d'agressivité notamment). Il risque de développer facilement de l'hyper-attachement et un sentiment de frustration peut alors apparaître. De tout cela en découle généralement des stéréotypies (comportements répétitifs et compulsifs) difficiles à gérer sur le long terme . Au contraire, des perroquets évoluant en groupe ont l’occasion de tisser des liens avec leurs congénères, d’apprendre à gérer leurs émotions et de mieux contrôler leurs réactions. Les interactions sociales entre individus sont essentielles pour le bien-être mental et l’équilibre émotionnel de l’oiseau.
Peut-on faire cohabiter plusieurs espèces de perroquets ?
La cohabitation interespèces est possible, mais elle ne s’improvise pas. Tous les perroquets ne sont pas faits pour vivre ensemble, et plusieurs paramètres doivent être pris en compte pour éviter les conflits.
La taille des individus : faire cohabiter des espèces dont la taille est très différente, par exemple une perruche ondulée avec une amazone, est risqué. Un simple coup de bec d’un grand perroquet peut entraîner de graves blessures.
En règle générale, il vaut mieux regrouper des oiseaux de gabarits similaires pour limiter les accidents.
Le caractère des espèces : toutes les espèces n’ont pas le même tempérament. Certaines sont calmes et posées, d’autres sont vives, bruyantes ou très territoriales. Mélanger des espèces hyperactives avec des espèces réservées peut générer du stress, voire des bagarres.
Dans l’idéal, privilégiez la cohabitation entre espèces proches : même genre, même famille ou originaires de la même région géographique. Leurs comportements sociaux auront plus de points communs.
La gestion de la nourriture : une volière multi-espèces pose aussi des défis en termes d’alimentation. Les besoins nutritionnels ne sont pas identiques, certaines espèces ont besoin de beaucoup de lipides (par exemple les grands aras). D’autres, plus petites, risquent des problèmes de santé si elles consomment trop de graisses. Une astuce consiste à adapter la distribution : par exemple, donner des noix entières que seuls les aras peuvent ouvrir grâce à la puissance de leur bec. Ainsi, les espèces plus petites ne risquent pas d’en consommer trop.
Comment réussir une cohabitation interespèces
La cohabitation peut fonctionner si certaines conditions essentielles sont respectées :
Un espace suffisant : plus la volière est grande, plus les conflits seront limités.
Des zones de repli : prévoir des perchoirs séparés, des brises vues et des espaces compartimentés pour permettre à chacun de s’isoler.
Des enrichissements : les jouets et les enrichissements participent parfois à la création de nouvelles amitiés chez les perroquets.
Un congénère de même espèce : idéalement, chaque oiseau doit avoir la possibilité de se lier avec, au minimum, un compagnon de la même espèce (ou d’une espèce proche) afin d’exprimer ses codes sociaux spécifiques.
Il arrive néanmoins que certains individus forment des amitiés improbables avec des perroquets d’autres espèces. Ces relations existent, mais elles ne doivent pas faire oublier que la compatibilité individuelle reste primordiale.
La réussite de la cohabitation n'est pas un acquis, des tensions peuvent apparaître subitement après des mois d'entente. Il faut être prêt à s’adapter et aussi être vigilant à ce que tous les oiseaux aient accès à la nourriture. Une observation accrue et continue permet de déceler différents problèmes, le plus répandu étant celui du stress à long terme. Un oiseau stressé peut développer des problèmes de santé (affaiblissement du système immunitaire, anémie, carences) souvent traduits par le syndrome de l'oiseau "statue" stoïque et immobile à longueur de temps, des comportements autodestructeurs comme le picage, ou au contraire devenir hyper-agressif envers les autres. Le stress chronique est un danger sur le long terme.
Pour conclure, la cohabitation interespèces est possible, mais elle demande de la préparation, un excellent sens de l'observation, une bonne connaissance des espèces et des installations adaptées
Dans la majorité des cas, une cohabitation intra-espèce reste plus simple et plus sûre, car les oiseaux partagent le même "langage". Pour les familles souhaitant adopter un deuxième perroquet, je recommande généralement de choisir une espèce proche de celle déjà présente. Cela facilite non seulement l’entente entre eux, mais aussi l’intégration du petit nouveau.
NB : Attention à ne pas négliger l'importance de la quarantaine et des tests maladies (PDD, PBFD, Chlamydia...) réalisés sur les nouveaux individus afin de ne pas mettre le groupe en danger.
